A l’occasion de sa dernière conférence de presse annuelle, Michael Diekmann, atteint par la limite d’âge, aura tiré sa révérence devant les journalistes en présentant l’un des meilleurs bilans de l’histoire du groupe. Après douze ans à la tête du géant allemand de l’assurance, il passera le témoin le 7 mai 2015 à son successeur Oliver Bäte, en laissant un groupe en excellente santé. La Bourse n'a cependant pas été séduite : le titre Allianz signait aujourd'hui la plus forte baisse de l'indice allemand, le Dax, en raison de chiffres publiés inférieurs aux attentes des analystes.
Malgré les décollectes qui se poursuivent aux Etats-Unis dans son fonds américain de gestion d'actif (Pimco) et dans un contexte de taux bas qui persiste, Allianz a pourtant réussi à dégager son meilleur bénéfice d'exploitation depuis 2007, à 10,4 Md€ (+3,3%), avec un chiffre d’affaires record qui dépasse pour la première fois la barre des 120 Md€ (+10,4%, à 122,25 Md€). Mais les analystes interrogés par Reuters attendaient un bénéfice d'exploitation un peu supérieur, à 10,67 milliards d'euros.
Le dommages a contribué pour moitié au bénéfice d'exploitation avec 5,4 Md€ (+2%). Le groupe de Munich profite, comme d’autres, d’une année faible en cat’ nat’, avec un ratio combiné qui a été stabilisé au niveau de 2014 à 94,3%.
L’assureur de Munich enregistre également de très bons résultats dans la vie/santé avec une progression du bénéfice de 23% (3,3 Md€) pour ces deux secteurs, grâce à la très bonne tenue des marchés allemand, italien et américain. En Allemagne, l’introduction en 2013 d’un nouveau contrat vie sans taux garanti est considérée comme un succès, avec plus de 90 000 polices vendues.
Impact des taux bas
«Le contexte persistant des taux bas devrait néanmoins freiner cette bonne évolution», a tempéré Dieter Wemmer, le directeur financier. Pour compenser l’absence de perspectives de rendement sur les places financières, Allianz souhaite renforcer ses investissements dans les infrastructures et dans l’immobilier avec un portefeuille passant en 2015 de 80 à 110 Md€.
En revanche, Allianz n’arrive toujours pas à ramener la confiance dans la gestion d’actifs. Dans ce secteur, le bénéfice d’exploitation a reculé de 18% en raison des difficultés du gérant californien Pimco, racheté en 2000. La défiance des investisseurs n’a pas été stoppée depuis le départ de son fondateur, le mythique Bill Gross, passé à la concurrence. «Nous continuons de faire face à une vague de décollecte [236 Md€ en 2014, NDLR] mais il y a aussi des entrées», a insisté le président d’Allianz. «Je ne comprends pas toute cette agitation. Nos performances sont excellentes», a insisté pour sa part Dieter Wemmer.
Russie et Brésil à la peine
Avec les Etats-Unis, deux autres marchés pèsent sur les résultats du groupe : la Russie, où Allianz abandonne les services aux particuliers pour se concentrer sur les entreprises, et le Brésil. «Nous avons connu une croissance très rapide, mais qui a été mal contrôlée. Notre système informatique au Brésil n’a pas permis d’assurer un bon monitoring sur la rentabilité. Il faut réorganiser», a expliqué Michael Diekmann.
Dividende record
Enfin, concernant les dividendes, Allianz a engagé une nouvelle stratégie en versant 50% du bénéfice aux actionnaires, contre 40% auparavant, un record absolu dans l’histoire du groupe. Au titre de 2014, le dividende par action passera ainsi de 5,30 à 6,85 €, en progression de 29%. Las, les analystes espéraient 7€. Les prévisions de croissance restent en outre prudentes avec un résultat opérationnel cible pour 2015 équivalent à celui de 2014 (soit 10 milliards d'euros, plus ou moins 400 millions).
L'Argus de l'assurance le 26 février 2015
Et combien pour l'emploi et les salariés ? Rappelons que 40 % des salariés commerciaux ne gagnent que le SMIC ou moins et que 400 suppressions d'emplois sont annoncés.