Le salaire controversé du patron de la SCOR

 
La Macif (Mutuelle assurance des commerçants et industriels de France), qui est actionnaire du réassureur la SCOR (Société commerciale de réassurance), a fait savoir mercredi 7 mai qu'elle avait voté contre la hausse de la rémunération annuelle de son président-directeur général, Denis Kessler, à plus de 5 millions d'euros, soumise la veille à l'assemblée générale.
 
« J'ai porté les votes pour le compte du groupe Macif à l'assemblée générale de la SCOR et de ce fait j'ai voté contre la résolution n° 5 », portant sur la rémunération de M. Kessler, a indiqué le président de l'assureur mutualiste, Gérard Andreck.
 
« Cela ne change rien à nos relations et au soutien constant que nous apportons à la SCOR », a poursuivi le président de l'assureur, qui détient environ 2 % du capital de la SCOR. Et cette prise de position ne modifie pas le résultat du vote, favorable à cet émolument.
 
ENTRÉE EN VIGUEUR DU « SAY ON PAY »
 
La rémunération brute totale de Denis Kessler au titre de 2013 est en hausse de 10 %, à 5,13 millions d'euros. Ce traitement comprend pour moitié (2,56 millions) ses salaires fixes et variables et pour l'autre moitié des actions et stock-options. Le réassureur a dégagé près de 550 millions d'euros de bénéfice net en 2013, une hausse de 30 % sur un an.
 
Elle était soumise pour la première fois au vote des actionnaires, la France introduisant cette année le principe du « Say on Pay » qui permet à l'assemblée générale de donner un avis sur la rémunération des dirigeants.
Mais, contrairement à la Suisse et au Royaume-Uni, le vote français n'est que consultatif. Et il concerne les rémunérations de l'année écoulée.
Les actionnaires de la SCOR ont approuvé à 64 % pour et 35 % contre cette hausse de salaire, sachant que la plupart des propositions soumises au vote récoltent en moyenne 90 % d'approbations.
 
« EN LIGNE » AVEC LES CONCURRENTS
 

Pour Denis Kessler, cette rémunération se justifie par le fait que la SCOR est un groupe international, dégageant une rentabilité et des performances peu égalées dans le contexte actuel.
 
« C'est tout à fait en ligne voire inférieur à la rémunération de mes concurrents. C'est un métier extrêmement technique, extrêmement compliqué, qui ne doit pas être jugé à l'aune des normes purement françaises », a-t-il commenté lors d'une conférence téléphonique.
 
Mais, après les remous provoqués par la rémunération de Pierre Gattaz, président du Mouvement des entreprises de France (Medef) et de l'entreprise de composants électroniques Radiall, cette nouvelle annonce concernant M. Kessler, par ailleurs ex-vice-président de l'organisation patronale, vient agiter les assemblées générales qui se tiennent actuellement (avant le 30 juin pour les entreprises dont l'exercice se cale sur l'année civile).
 
La Macif a défini une grille d'orientation pour l'aider à respecter certains principes déontologiques, notamment en matière de modération salariale, quand elle doit prendre des décisions au sein des groupes dont elle est actionnaire.
 
« Nous pouvons parfois nous interroger, il peut y avoir des exceptions, mais sur le sujet de la rémunération il n'y en a pas », affirme Gérard Andreck.
 
Le Monde.fr avec AFP | 07.05.2014
 

 
 



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