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Les incivilités au travail: un fléau méconnuSouvent sous-estimé dans sa portée comme dans ses effets, le manque de respect au travail vécu comme une réalité par près d'un salarié sur deux, alors qu'un salarié sur trois dit véritablement en souffrir, révèle une étude. Stress, anxiété, insomnie: leurs conséquences peuvent être aussi graves pour les individus que pour la productivité de l'entreprise. Les auteurs: le public extérieur, mais aussi les collèguesSi, selon les salariés interrogés, les formes de manque de politesse ou de respect des espaces et des outils communs constituent le noyau de ces incivilités, certains font toutefois aussi référence à des manifestations de violence verbale ou à des comportement agressifs. Alors que le public extérieur est désigné comme auteur de ces incivilités dans 54% des cas, 48% des salariés pointent toutefois leurs collègues. Seuls 18% citent leurs managers et leur direction. "Bien que distinctes, toutes ces formes d'incivilités rentrent en réalité en résonance", souligne le président d'Eleas, Xavier Alas Luquetas: "le manque de cohésion interne facilite les comportements inappropriés du public, et vice versa". 46% des personnes interrogées considèrent d'ailleurs que le phénomène s'est aggravé pendant ces dernières années et 71% estiment que cela est dû à une évolution sociale et culturelle, alors que seuls 29% désignent le monde du travail et la santé de leur organisation. 62% mettent en cause les nouvelles technologies. Certains personnels plus à risque que d'autresParmi certaines catégories de personnels, par ailleurs, le bilan s'aggrave encore. Ceux en contact avec des publics extérieurs, notamment dans le service public (51%) ou le commerce (53%), sont naturellement plus exposés, mais ils ne sont pas les seuls. Les travailleurs les moins qualifiés (47% des professions intermédiaires et 46% des employés), ceux soumis à des horaires décalés (48%), ainsi que les femmes (47%) sont aussi particulièrement frappés. Xavier Alas Luquetas explique:
Un effet dévastateur sur l'estime de soiSi pris singulièrement ces comportements peuvent paraître anodins, y être exposé de manière fréquente et régulière peut avoir un impact dévastateur, souligne le président du cabinet de conseil:
42% des salariés déclarent effectivement que ces incivilités ont affecté leur santé (stress, anxiété, troubles du sommeil). Xavier Alas Luquetas explique:
Source de dysfonctionnementSigne de l'importance attachée à ce problème, les salariés en parlent: 72% déclarent s'être déjà confiés à un tiers. Cependant, ce sont la famille et les proches à être les plus sollicités (dans 53% des cas), alors que les employeurs sont rarement alertés (39%). Pourtant, le problème dépasse sensiblement la sphère individuelle, pour atteindre le fonctionnement de l'entreprise. 46% des salariés admettent notamment que les incivilités ont eu des répercussions sur leur productivité, en termes de démotivation, difficultés de concentration, manque d'initiative voire (dans 31% des cas) absences. Les stratégies d'adaptation individuelles (ironie, repli, mimétisme etc.) atteignent en effet bien rapidement leurs limites, souligne l'étude. Et les entreprises tentent donc bien de trouver des réponses puisque, selon l'étude, qui se fonde sur les déclarations des salariés, 1,9 mesure par organisation est déployée. Peu de confiance vis-à-vis de l'employeurToutefois, les solutions apportées sont encore visiblement inadaptées par rapport aux attentes: non seulement environ un tiers des salariés pense que l'entreprise n'est pas du tout consciente du problème des incivilités, mais selon un peu plus d'un autre tiers, l'employeur, tout en les percevant, ne prend pas de mesures...
Parfois toutefois, le décalage est objectif. Par exemple, seuls 22% des employeurs ont déjà interrogé les salariés sur leur opinion quant à l'ambiance et aux relations de travail dans l'entreprise, alors que 44% d'entre eux souhaiteraient une telle enquête. De même, la mise en place de formations sur les comportements et les relations entre collègues est relativement rare (15% des cas), alors qu'un salarié sur quatre la souhaiterait. Une approche encore inadéquate
Alors, comment agir? Deux aspects sont indispensables à son sens: articuler l'ensemble des interventions et les faires véritablement porter par la direction. "Ce qui compte c'est que les salariés se sentent importants pour l'entreprise, protégés", souligne-t-il, insistant aussi sur la nécessité de pouvoir parler du problème et d'associer le personnel dans la définition des règles communes. Cercle vertueuxMais, une fois mise en place, une telle approche peut avoir des résultats inattendus:
Il sera entendu... à condition que la sanction soit véritablement appliquée. La Tribune - 11/06/2014 |