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Révolution à la Macif : les salariés vont devoir passer aux 35hDes négociations sont en cours chez l’assureur niortais pour faire passer le temps de travail hebdomadaire à 35h contre… 31h30 actuellement.Doucement mais sûrement, une petite révolution fait son chemin chez l’assureur Macif. Le “nouveau modèle social” (NMS) est actuellement en discussion entre la direction et les syndicats CGT, CFDT et CFE-CGC. Il va faire passer le temps de travail légal pour 90% des salariés de 31h30 à 35h. La rémunération, la formation et les conditions de travail sont également en discussion. Pour Benoît Serre, le directeur des ressources humaines, l’objectif est double : “doter des mêmes droits nos 10.000 salariés et mettre à jour notre organisation interne”. Après des mois d’échanges, la direction - le président Alain Montarant et le directeur général Jean Marc Raby - espère trouver un accord au premier trimestre 2018 et l’appliquer au 1er janvier 2019.Temps de travail légal C’est la question prioritaire. Les salariés de la Macif ont toujours eu un train d’avance en matière de temps de travail. En 1983, ils avaient obtenu de passer à 35 heures quand la plupart des Français n’étaient passées qu’aux 39 heures. Et en 1999, alors que les loi Aubry imposaient les 35 heures pour tous, les employés de l’assureur avaient négocié la semaine de 31h30. Les négociations actuelles organisent donc une forme de retour au droit commun. La Macif assure que les téléconseillers, un des métiers les plus pénibles de l’entreprise selon la CGT, auront le choix d’organiser leur planning de travail pour faire face à cette réforme . Pour justifier cette augmentation du temps de travail, la direction invoque une volonté ”d’améliorer” le service rendu aux sociétaires et d’être “plus disponibles pour eux”. “La plupart de nos enseignes parisiennes sont par exemple fermées entre 12h et 14h. Certaines ferment à 17h30, et nos centres d’appels à 18h30. Ces horaires ne sont pas adaptés à notre clientèle” explique Benoît Serre. Un argument qu’Annie Lafarge, délégué syndicale centrale Macif de la CGT, dément : “La direction souhaite augmenter la disponibilité, alors que dans le même temps elle ferme temporairement des agences par manque d'effectif. Elle a même été jusqu'à vouloir fermer une agence en Lozère !”. La CGT, syndicat majoritaire chez les employés de l'UES MACIF (38%), craint que le passage aux 35h, de la mutualisation des activités et le transfert d'une partie des tâches vers le sociétariat aient des conséquences pour l'emploie Ce dernier évoque également un problème de coût : “Si mes concurrents sont à 35h, je dois embaucher davantage pour produire la même quantité, donc ma charge salariale est plus grande”. Compensation En parallèle de cette augmentation du temps de travail (+11%), la direction souhaite répartir la compensation pour les salariés entre trois variables. Le salaire sera augmenté de 8%. Les cotisation patronale pour la retraite complémentaire des salariés passeront de 1 à 1,5% du salaire annuel. Enfin, la participation de la Macif au plan d'épargne entreprise (PEE) sera augmentée. Un projet injuste pour Annie Lafarge : “La retraite est encore lointaine pour les salariés, et l’épargne est réservée à ceux qui en ont les moyens. En revanche, l'augmentation du temps de travail, c’est tout de suite et pour tout le monde” peste-t-elle. Autre changement majeur : la revalorisation annuelle des salaires, aussi appelée prime à l’expérience. Au sein de la MACIF, elle est de 1% pour tous les employés, et sur une durée maximale de 35 ans. Un système “trop rigide” pour la direction qui souhaite la limiter à 20 ans. Au delà de cette période, toute revalorisation annuelle sera conditionnée par “les performances et les compétences” de chaque salarié. Annie Lafarge y voit un moyen pour la direction de mettre les salariés en concurrence et d’assurer “sa mainmise totale” sur les salaires. FormationBenoît Serre assure que si 88% des salariés ont bénéficié d’une formation de 32h cette année, cette dernière n’est pas suffisante pour faire face aux “profondes transformations digitales et managériales” du secteur de l’assurance. Sur les 3h30 d’augmentation de temps de travail hebdomadaire, une heure sera consacrée à une formation “qualifiante” pour les salariés assure la direction. La CGT reste sceptique : “Nous n’avons aucune preuve écrite de cette mesure, donc aucune garantie.” Conditions de travailLa Macif souhaite généraliser le télétravail à tous les postes qui le permettent, tant qu’il n’excède pas deux jours par semaine. L’accord prévoit dans le même temps que la règle des deux jours consécutif de repos (samedi-dimanche ou dimanche-lundi) puisse être contournée jusqu'à 10 fois dans l’année pour chaque salarié. Benoit Serre rappelle qu’avec la réforme du code du travail imposée par Emmanuel Macron, il n’était pas obligé de soumettre le NMS à négociations. “Le dialogue social était tout de même plus judicieux” affirme-t-il. Ce qui ne contente pas pour autant les syndicats. La CFE-CGC estime que l’augmentation de la rémunération des 1000 cadres de l’entreprise n’est pas suffisante. Elle ne donnera pas son accord tant que ce point ne sera pas réglé. La CGT rejette le texte et souligne que la Macif a multiplié ses bénéfices par 10 au 1er semestre 2017 selon l’argus de l’Assurance. Enfin la CFDT se réunit ce week-end pour décider de la position à adopter. |