Comparaison n'est pas raison. L'adage médiéval est bien connu, il n'empêche. Jusqu'à présent les deux pôles mutualistes français Sferen (Macif, Matmut et Maif) et Covéa (Maaf, MMA et GMF) pouvaient se targuer de former deux poids lourds à taille et à périmètre peu ou prou comparables en assurance de biens et de responsabilités avec respectivement 13 % et 14,80 % de parts de marchés (données 2012). Mais la sortie prochaine de Maif au sein de la Sgam Sferen rebat les cartes et creuse les écarts entre les deux mastodontes sur leurs marchés historiques. Et les signes de ce décrochage ne manquent pas. La preuve : sur la base du chiffre d'affaires 2013, Sferen à deux (Macif et Matmut) ressort deux fois plus petite que Covéa contre une fois et demie si l'on intègre les « 3M ». Le contraste est encore plus saisissant en termes de fonds propres puisque Sferen à 2 en dispose de trois fois moins que Covéa. Pire, sur le portefeuille auto et habitation, Macif et Matmut perdent leur avantage concurrentiel sur leur rival avec désormais 8,5 millions de contrats auto et 6,4 millions en habitation contre 11,923 millions en auto 9,521 millions en habitation en intégrant le portefeuille Maif. Reste qu'en dépit du creusement de ces écarts entre les deux entités, les équilibres en termes de poids commercial dans le paysage assurantiel français (PAF) restent inchangés.
Sferen à 2 sauve sa 10e place mais devrait sacrifier au passage entre 1 et 2 points de parts de marché tandis que Covéa conserve sa 5e place, derrière de solides rivaux non mutualistes tels que CNP, Axa, Crédit Agricole et Allianz (voir tableau). C'est dire l'importance pour Macif et Matmut de réussir le pari de l'intégration. Et particulièrement en matière de business assurance. D'autant que les affaires nouvelles, révélateur de la capacité des entités à capter de la croissance, sont aujourd'hui clairement défavorables à Sferen en assurance dommages. Une donnée que les dirigeants des deux mutuelles ont intégré dans leurs réflexions stratégiques : « Sur l'IARD, nous avons établi quelques contacts, et il ne serait pas illogique que certaines mutuelles adhérentes au Gema - et déjà impliquées dans les filiales que la Macif et/ou la Matmut ont pu créer - nous rejoignent quand elles en ressentiront le besoin », rappelle Daniel Havis, président du groupe Matmut et de Sferen. Synergies opérationnelles Quant aux autres lignes de métiers à fort relais de croissance - santé, prévoyance et assurance vie - Sferen affûte ses armes.
Et compte bien s'appuyer sur sa proximité avec le monde de la mutualité pour dégager des synergies opérationnelles. En 2013, le pôle santé/prévoyance de la Macif a dégagé un CA de 652 ME, en hausse de 11 %, grâce à l'intégration de la mutuelle du personnel IBM en 2013. Ce n'est pas tout. Depuis octobre 2013, la Mutuelle nationale des personnels d'Air France (105 ME de CA) a rejoint le giron du groupe. De son côté, Matmut est entré en 2013 à hauteur de 4 % au capital de Mutex, société mutualiste spécialisée en prévoyance, santé et épargne, individuelles ou collectives. En santé, le groupe finalise un accord avec la mutuelle Ociane (204 ME de CA en 2012 pour 410 000 personnes protégées) en vue de créer une Union de groupe mutualiste, première étape avant un rattachement au sein de Matmut au plus tard le 1er janvier 2017.