Restez civils, même au bureau !

 
Près d'un salarié français sur deux se dit exposés aux incivilités au travail. Quelques pistes pour que les entreprises se saisissent du problème.

>> Lire aussi : Les incivilités au travail, un fléau méconnu 

"Incivilité : euphémisme actuel pour désigner injures, insultes, chapardages, dégradations diverses, bras d'honneur d'automobilistes, pneus déchiquetés, etc. "J'ai la haine"", écrit JB Pontalis dans "Avant" paru en 2012 chez Gallimard. Alors que nombre d'entre nous s'apprêteent à prendre le chemin des vacances, nous risquons à chaque carrefour de nous retrouver nez à nez avec l'incivilité. Mais loin de n'être que l'apanage d'automobilistes mal embouchés, elle prospère aujourd'hui dans un lieu inattendu : au bureau. Dans le cadre de ce qu'il est désormais commun d'appeler les RPS (Risques pyscho-sociaux), les audits et diagnostics font état de façon récurrente de propos désobligeants, voire d'altercations, racontés par des salariés en souffrance.

 

Une atteinte aux fondamentaux de l'estime de soi 

Près d'un salarié français sur deux se dit exposés aux incivilités au travail. Les fauteurs ? A 54% des personnes extérieures à l'entreprise, 48% des collègues et 30% des managers et directeurs, relève une enquête menée par le cabinet Eléas. Depuis l'absence d'un simple "bonjour" et "au revoir", à la consultation des mails en réunion, ou aux appels téléphoniques en plein coeur d'un échange, ce qui ressort de ce vécu inconfortable est le sentiment de ne pas être pris en compte, pas respecté, voire pire, nier dans sa présence. Ce manque de politesse et de cordialité rarement exprimé constitue une atteinte aux fondamentaux de la personnalité et de l'estime de soi.

 

Balayer devant sa porte

Résultat : le contexte du travail n'est plus vécu comme protecteur.  "De par leur répétition, ces incivilités exercent une pression insidieuse sur les salariés. Un tiers reconnaît en souffrir. Et trois quart des salariés impactés sont atteint dans leur productivité", note Xavier Xavier Alas Luquétas dirigeant-fondateur d'Eléas. D'où la question des règles de comportement à adopter. Et de l'importance de "balayer devant sa porte".

Car la tentation est grande du côté de ceux qui subissent de tels agissements de se mettre en retrait, ou d'emprunter les mêmes comportements pour s'en défendre par stratégie d'adaptation, en imaginant que cela sera plus supportable. Entre "je me désinvestis", "je me blinde", "je fais pareil", il en résulte une amplification du phénomène et un délitement du rapport aux règles en général.

 

L'entreprise doit se saisir du problème

 

Mieux vaut chercher à adopter un comportement qui permette à chacun par son exemplarité de faire tâche d'huile en faisant remarquer - avec politesse et bienveillance- à son interlocuteur, parfois inconsciemment malotru, son manque de respect. Quant à l'entreprise, elle doit elle aussi se saisir du problème en rappelant les fondamentaux du "bien travailler ensemble" au risque sinon d'autoriser insidieusement certains comportements et de plomber son climat social. Les chartes de valeurs n'y feront rien.

Dans un monde où l'on est de plus en plus absorbé par soi-même, où chacun se méfie davantage de son voisin, et avec qui la relation est de fait plus complexe, il ne paraît pas incongru de reposer le cadre de nos relations. Et de profiter de l'été et d'une période moins stressante pour s'exercer à plus de convivialités dans nos échanges. 

 
La Tribune - 16/07/2014
 



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